Avec son serveur modulaire PowerEdge MX, Dell EMC vient concurrencer la gamme composable Synergy de HPE, lancée en 2017.
Alors que les projets d’achat de serveurs se multiplient dans les entreprises pour accompagner la transformation numérique, qui passe par des solutions cloud mais également locales, Dell EMC a renouvelé cet été sa famille de serveurs lames modulaires. Sa série PowerEdge MX repose sur l’architecture composable Kinetica. Comme chez HPE avec la gamme Synergy, l’idée est de casser l’architecture serveur traditionnelle en proposant des infrastructures composables qui traitent le calcul, le stockage et les périphériques réseau comme des pools de ressources provisionnables selon les besoins. Le but est d’offrir des performances optimales en fonction des différentes charges de travail avec le recours au software defined software.
L’arrivée d’une nouvelle génération de serveurs chez l’un des principaux fournisseurs du marché est une annonce importante, puisque la durée de vie d’une plateforme est d’une dizaine d’années environ. Les entreprises qui équipent leurs datacenters avec ces équipements ont en effet besoin de garanties quant à leur disponibilité dans le temps. « Nous ne constatons pas de déclin sur le marché des serveurs malgré la croissance de la virtualisation ; les besoins en compute restent importants notamment pour accompagner la 4ème révolution industrielle », nous a expliqué Philippe Dosset, vice-président en charge des ventes infrastructures chez Dell EMC France. « Les sociétés doivent se transformer donc investir dans les infrastructures pour répondre aux nouveaux besoins ».
Peser sur le marché des blades
Pour la première fois numéro 1 sur le marché des serveurs devant HPE – dans le monde et même en France – Dell a profité des synergies réalisées avec la fédération EMC mais également de la croissance de l’hyperconvergence (avec Nutanix et VxRail), de l’edge computing, des demandes en accélérateurs GPU et FPGA, et enfin des investissements pour automatiser les ressources datacenters. En France, selon les chiffres compilés par IDC, le marché des serveurs tours – à destination des PME et des sites distants – pèsent aujourd’hui 10%. C’est un marché stable. Celui des serveurs racks avec 1 à 4 processeurs par machine est le plus important avec près de 60%. Les larges systèmes – 8 à 32 puces – pour les besoins analytiques et big data est en croissance avec une part de 5 à 8 points sur le marché global des serveurs. Enfin, les blades accaparent 27 à 28 points du marché en subissant une petite baisse de forme, mais le software defined datacenter attendait les bons produits pour s’exprimer », nous a indiqué Jean-Sébastien Volte, chef de produits serveurs chez Dell EMC France. « Ce marché va se stabiliser à 22%. La France est aujourd’hui un marché mature à la différence de pays comme le Brésil ou la Chine ».
Pour revenir sur le développement de ce châssis modulaire baptisé PowerEdge MX, Dell EMC a attentivement analysé qui étaient les acheteurs sur le marché. Sur un serveur moyen 2U avec 2 sockets (60 à 70% du marché) avec 24 cœurs, 768 Go de RAM et 32 To bruts, on peut héberger une quarantaine de VM ; l’idée est de passer à 200 dans les deux ans à venir en augmentant le nombre de cœurs et les ressources mémoire (voir illustration ci-dessous). La dernière plateforme serveurs de Dell EMC entend donc accompagner ces changements en musclant sa solution modulaire avec les dernières innovations des fournisseurs de composants.
Un rack 7U avec 8 lames
Conçue pour les environnements définis par logiciel, la plateforme PowerEdge MX propose jusqu’à 3 fois plus de capacités de stockage que les autres architectures 2 sockets équivalentes, selon Dell, et jusqu’à 5 fois plus de performances I/O sur le réseau. « Dell EMC entend ici casser l’adage qui sous-entend qu’on n’achète pas de blades car il n’y a pas assez de mémoire et de stockage. Comme pour toute infrastructure modulaire, le châssis est la pièce maîtresse de l’architecture MX. Il abrite les ressources de calcul, le stockage et les E/S ; le tout associé à une méthode de gestion centralisée (jusqu’à 8 000 équipements PowerEdge à partir d’une console OpenManage). Le châssis de base de l’architecture PowerEdge MX est le MX7000 : un rack 7U capable d’accueillir jusqu’à 8 lames verticales simple largeur et jusqu’à 4 lames double largeur.
Et il n’y a plus de midplane (sauf pour les disques durs SAS) pour gagner de la place, les lames se connectant directement aux cartes contrôleurs réseau. On peut par exemple exploiter 6 lames CPU et 2 lames stockage avec 6 alimentations hot plug de 3 000 watts au milieu. L’avant du châssis propose un accès au port USB pour la gestion via le tiroir coulissant (clavier, écran et souris) ainsi qu’un écran tactile qui simplifie l’installation du serveur ou l’identification des problèmes. Le MX7000 offre également l’accès aux blocs d’alimentation par l’allée froide – un changement par rapport au châssis PowerEdge M1000e. En plus des 8 lames, le MX7000 dispose de 4 ventilateurs haute vitesse conçus pour refroidir les modules d’E/S à l’arrière du châssis (voir ci-dessous).
Davantage d’options réseau
Les contrôleurs réseau sont de type Ethernet, Omni-Path, FC et demain l’interface GenZ. Rappelons que cette dernière, attendue en 2020, est développée par un consortium rassemblant Dell EMC, HPE, ARM, Samsung, Nvidia ou encore AMD (mais toujours par Intel). Elle viendra succéder au PCIe 4.0 pour offrir plus de bande passante et allouer dynamiquement des ressources réseau, stockage ou mémoire aux autres lames d’un ou de plusieurs racks. Un lien GenZ peut se composer de 1 à 256 lignes, chacune avec jusqu’à 112 Gb/s. De quoi répondre aux besoins des applications in-memory.
Pour équiper le châssis MX7000, Dell propose plusieurs options. La lame simple largeur baptisée PowerEdge MX740c peut accueillir six unités de stockage (2,5 pouces à l’avant) associée à deux puces Intel Skylake Xeon SP. Le MX740c peut utiliser n’importe lequel des processeurs Xeon SP, y compris les unités 28 cœurs qui consomment 205 watts, avec 24 barrettes mémoire. Dell propose toute une série d’options en stockage : disques durs et SSD SAS et SATA, ainsi que des options NVMe M.2.
Des lames dédiées
Le PowerEdge MX840c est essentiellement une lame double largeur qui regroupe deux fois plus de processeurs et d’emplacements mémoire que le MX740c (4 sockets CPU Intel Xeon SP et 48 slots DIMM) en un nœud NUMA à quatre voies. Parce que les interconnexions NUMA prennent de la place, cette lame n’a de la place que pour huit unités de stockage au lieu des douze attendues. Ce nœud prend également en charge la gamme complète des processeurs Xeon SP.
Pour finir ce passage en revue, la lame PowerEdge MX5016s peut accueillir seize disques SAS de 2,5 pouces. Ils sont reliés aux nœuds de serveurs par des commutateurs SAS de 12 Gb/s qui permettent de mapper des disques individuels sur des lames particulières dans le châssis ou sur dix boîtiers PowerEdge MX – avec l’appliance virtuelle OpenManage Enterprise. En ce sens, le stockage dans la gamme PowerEdge MX est aujourd’hui composable et granulaire, mais il faudra un lien Ethernet, un protocole comme Gen-Z, et peut-être une option CCIX, pour étendre cette composabilité aux GPU, FPGA et autres périphériques.
Source : www.lemondeinformatique.fr